Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/308

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Le colonel se retourna. Il y avait derrière lui une armoire antique, dont les panneaux pleins étaient chargés de sculptures.

Il l’ouvrit et mit à découvert un véritable arsenal.

Sur le devant, se dressait une carabine romaine au canon octogone, dont la crosse était ornée d’une profusion d’arabesques or et nacre.

Le vieillard s’en saisit comme d’une proie.

— J’étais fort ! j’étais fort, prononça-t-il par deux fois.

Il ne souleva même pas l’arme trop lourde.

Sa main retomba, tandis qu’il disait en un gémissement :

— Ce soir-là, mon père avait ses pistolets, sa carabine, son sabre, et moi, j’étais sans armes. Il était aussi fort que je suis faible. Et pourtant je le tuai avec le propre stylet qui pendait à sa ceinture. Il me dit : « C’est bien. J’ai fait de même autrefois. Un jour ton fils te rendra la pareille. » Et il me donna la clef du trésor. Et il mourut…

Un craquement se fit à l’intérieur de la serrure.

En ce moment, la voix du compagnon, que le colonel avait oublié, la voix de Vincent rompit le silence.

Elle disait :

— Coupez mes liens, je vous défendrai.