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Cette voix secoua le vieillard comme une décharge d’électricité.

Il sembla grandir tout à coup sur ses jarrets affermis. Ses maigres joues s’enflèrent.

Son regard alla de la porte à Vincent, comme si son travail mental eût mesuré le court espace de temps qui lui restait.

Il connaissait la signification précise des bruits que rendait la serrure. Il savait que le pêne avait déjà été reculé d’un tour et qu’un autre tour le jetterait hors de la gâche.

Mais il savait aussi que, pour cette seconde opération, il fallait que le crochet créât ou trouvât un autre point d’appui.

Cela pouvait durer quelques secondes ou plusieurs minutes.

Le colonel sembla prendre un grand parti. Ses jambes retrouvèrent une agilité surprenante. Il s’élança vers Vincent et ramassa en chemin le couteau qui gisait sur le parquet.

Ce n’était plus pour frapper qu’il s’emparait de cette arme.

Il s’agenouilla auprès de Vincent, et sa main, qui tremblait bien encore un peu, essaya de trancher les cordes nouées autour des poignets du prisonnier.

Celui-ci souffrait horriblement des efforts même que faisait son libérateur, mais la passion le soutenait, et il activait le travail en disant :