Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/315

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Elle avait, cette beauté, de vagues ressemblances avec la décrépitude du colonel.

C’était, à l’état naissant et presque imperceptible, le même réseau de rides, ici légères, là profondément creusées, et qui caractérisaient d’une façon analogue, deux masques dont les grandes lignes étaient semblables.

Le comte Julian pouvait être rangé parmi ceux dont on dit qu’ils n’ont pas d’âge. À le considérer de tout près, l’idée naissait qu’il avait dépassé, — peut-être de beaucoup, — la quarantième année.

Ce fut le vieillard qui parla le premier et qui dit :

— Je vous salue, mon petit-fils.

Julian répondit, en s’inclinant avec respect :

— Aïeul, je vous salue.

Et il y eut un silence pendant lequel Vincent Carpentier, la main appuyée contre sa poitrine, essaya de faire taire les battements de son cœur.

— Aïeul, reprit Julian, j’ai eu beaucoup de peine à vivre si longtemps.

— Vous êtes en vie, répliqua le colonel, parce que ma main, qui pouvait frapper, a hésité trop de fois.

— C’est la première fois que la mienne peut frapper, prononça nettement le comte. Elle n’hésitera pas. Aïeul, vous avez tué votre père, qui vous dit en tombant : « Ton fils me vengera. »