Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand sa main ressortit, elle tenait un stylet qui jeta des étincelles.

Le colonel resta droit sur ses jambes qui ne tremblaient plus, mais son front livide creusa la profondeur de ses plis.

— Ce stylet fut le mien, dit-il, je le reconnais. Je le laissai dans la blessure.

— Je l’y ai pris, prononça froidement Julian. Aïeul, je n’ai rien contre vous. Je n’ai pas connu mon père ; mon frère était mon ennemi. Découvrez votre poitrine pour que je ne vous fasse pas de mal.

Ou eût pu suivre un frisson qui courut depuis la plante des pieds du vieillard jusqu’à son crâne, où ses rares cheveux s’agitèrent, comme si un souffle de vent eût soulevé leurs mèches.

— Découvrez votre poitrine, répéta Julian. Je viens chercher l’héritage qui m’appartient. J’exécute notre loi. Je prends mon droit.

— Je t’offre le partage, balbutia le colonel dont les bras restaient convulsivement croisés.

— Je ne veux pas de partage.

— Je te donnerai tout, laisse-moi vivre.

De la main gauche, Julian saisit le poignet du colonel qui n’opposa aucune résistance, et dont les bras tombèrent, tandis qu’il fermait les yeux en murmurant :

— Ton fils me vengera.

Le stylet toucha la chair et y entra, produisant le