Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/321

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image éclairée comme le portrait et tranchant sur le noir.

Il sourit et dit :

— C’était lui, mais c’est moi. Nous sommes le phénix, immortel malgré la mort. Nous ne succédons pas, nous continuons, et notre existence non interrompue, passe à travers le temps comme une chaîne d’acier.

Il se retourna lentement pour contempler l’autre portrait, la tête de vieillard qui pendait à l’autre muraille.

Il ajouta :

— C’était encore lui, mais tout à l’heure, ce sera moi. Avant d’être lui c’était son père. Après moi, ce sera mon fils, — si je ne sais pas me garder contre son poignard !

Depuis quelques instants, Vincent Carpentier avait recouvré assez de sang-froid pour concevoir la pensée de se débarrasser de ses liens à bas bruit.

Il avait une main libre, et cette main tenait un couteau bien affilé.

Mais au moment où il attaquait avec des précautions infinies, la corde qui retenait encore son bras gauche, le comte Julian fit un mouvement et prêta l’oreille.

Vincent s’arrêta aussitôt, et Julian, croyant s’être trompé, retomba dans sa rêverie.

— Ceux de notre race, murmura-t-il, devraient