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ses bras, le souleva et l’assit sur une chaise, vis-à-vis d’une armoire à glace qui était à l’autre bout de la chambre.

À dater de ce moment, Vincent Carpentier aurait pu reprendre son œuvre, car Julian était désormais très éloigné de lui, mais il resta immobile, dominé par une irrésistible curiosité.

Le drame arrivait à un tel degré d’étrangeté effrayante, que Vincent, garrotté par l’étonnement encore plus que par ses liens, restait inerte, concentrant toute son âme dans sa faculté d’entendre et de voir.

Le comte Julian prit un siège qu’il plaça à côté de celui du colonel.

Et il s’assit.

De sorte que le mort et le vivant se tenaient côte à côte, car les vieillard, déjà roide, ne fléchissait point.

Tous les deux ils tournaient le dos à Vincent, qui regardait de tous ses yeux et qui, dans la position où il était, ne pouvait apercevoir dans la glace que le visage du colonel, livide, jauni, mais peu changé en définitive.

Ce visage était éclairé très vivement par la lampe, posée sur le guéridon, que le comte Julian avait roulé entre les deux sièges et la glace.

Il semblait à Vincent que le colonel dont les yeux restaient grands ouverts, regardait fixement la glace,