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Ce profil ressemblait assez bien à l’ébauche tableau.

Vincent se disait, car il commençait à comprendre :

— Il va me laisser seul pour monter dans les appartements et entamer le premier acte de sa comédie. Je vais être libre, à moins qu’il ne me trouve en cherchant un coin pour cacher le cadavre.

Éperonné par cette crainte, il fit jouer le couteau activement, et parvint à dégager son bras gauche, au prix d’une souffrance poignante, car la corde était comme encastrée dans les chairs.

Puis le couteau grinça tout bas en sciant les liens des jambes.

Le comte Julian était désormais trop occupé pour que son oreille pût saisir les bruits presque imperceptibles, venant de l’alcôve.

Il en avait fini avec son masque, mais comme il ne se penchait plus pour étudier de près son modèle, Vincent ne pouvait juger encore le résultat définitif de son travail.

Julian avait pris dans sa trousse une longue paire de ciseaux qui grinçaient en fourrageant les mèches épaisses de ses cheveux noirs.

Le parquet, autour de lui, fut bientôt couvert de boucles brunes.

— J’en serai quitte pour mettre une perruque, pensa-t-il entre haut et bas, si j’ai encore à faire le