Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/34

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pour reprendre haleine, quoique sa physionomie ne trahît aucun signe de fatigue.

— C’est loin, murmura-t-il. Sous l’Empire, je faisais encore une bonne demi-lieue sans m’essouffler ; mais en 1820. j’ai eu mon premier coquin de rhumatisme… En avant, marche ! Parmi ceux qui vont et qui viennent ici autour, il y en aura encore plus d’un qui arrivera avant moi au Père-Lachaise. À quoi penses-tu, bonhomme ?

— Je pense, répondit Vincent, à ma petite Irène, qui m’attend, et à ce cher enfant, Reynier, qui me la garde.

— Tu as raison, voilà de sages pensées. En quelques jours, tu peux leur gagner tout un avenir, à ces deux bébés-là.

Il appela un cocher qui ruminait sur son siège, se fit ouvrir la voiture et y poussa Carpentier en disant :

— Case-toi bien dans le coin et ne te découvre pas. Un peu de patience, nous allons bientôt être chez nous.

Puis il s’éloigna de la portière pour parler au cocher.

De ce qui fut dit ainsi, Vincent ne put rien entendre, quoiqu’il prêtât l’oreille avidement.

Au bout d’une demi-minute, le colonel revint et monta à son tour.

— Menez-nous rondement, l’ami, fit-il pendant