Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/352

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— Parler me fatigue. J’ai été attaqué dans la rue.

— La police est si mal faite ! observa Roblot, dont l’accent était plus qu’équivoque. Nous payons pourtant assez d’impôts pour être bien gardés… Mais comme ils ont arrangé monsieur ! Ses bras et ses jambes surtout ! On dirait qu’on l’a ficelé pour le jeter à la rivière. Tout son corps n’est qu’une plaie. Faut-il envoyer chercher ce bon docteur Samuel ?

Vincent fit un signe de tête énergiquement négatif. Roblot reprit hypocritement :

— Je proposais cela dans l’intérêt de monsieur.

— Laissez-moi, dit Vincent, si j’ai besoin, je sonnerai.

Roblot se dirigea aussitôt vers la porte, mais avant de sortir, il dit :

— Si monsieur avait confiance en un autre docteur… monsieur me paraît dans un triste état.

— Allez ! répéta Vincent.

— C’est comme monsieur voudra.

Dès que le valet eut disparu, Vincent, qui était en chemise et prêt à se mettre au lit, se traîna vers la porte. Il colla son oreille au battant.

Dans le corridor, on chochotait toujours.

Vincent n’osa pas tourner la clé, mais il poussa sans bruit les deux verrous.

— J’étais espionné ici, pensa-t-il, j’étais entouré, englobé ! Ces gens sont tous vendus. Ils vont faire,