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Mais Vincent Carpentier était fixé sur la qualité des domestiques qui emplissaient sa maison.

Il écouta.

Le bouton de sa porte, manié du dehors avec des précautions extrêmes, tourna, mais les verrous empêchèrent les battants de s’ouvrir.

On chochota, puis une voix s’éleva pour demander :

— Monsieur dort-il ? Nous sommes dans l’inquiétude : depuis vingt heures que monsieur n’a pas donné signe de vie.

Vincent ne répondit pas.

Vingt heures ! C’était en effet bien plus qu’il n’en fallait pour faire naître des craintes chez des domestiques fidèles.

La voix, qui était celle de Roblot, le valet de chambre, dit encore :

— Peut-être y a-t-il un malheur. Le mieux serait d’éveiller le serrurier.

Et les pas s’éloignèrent.

Vincent se souvenait de ce terrible grincement, produit par le travail du comte Julian, attaquant la serrure de la chambre du trésor, à l’hôtel Bozzo.

Ces simples mots : « éveiller le serrurier, » prirent pour lui une signification redoutable.

Sa cervelle en feu lui montra la chambre pleine de bandits, à qui l’heure donnerait toute facilité de commettre un crime.