Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/357

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entendre cette opinion, exprimée par son cocher :

— C’est possible qu’il ait claqué tout seul, car il était rudement abîmé. En ce cas là, il vaut mieux que le commissaire trouve sa porte fermée en dedans.

La discussion fut close par cette observation si raisonnable, et le corridor redevint silencieux.

À dater de ce moment, Vincent Carpentier resta moitié veillant, moitié assoupi, et n’éprouvant d’autre peine qu’un solide appétit qui commençait à tirailler son estomac.

Il n’avait pas mangé depuis l’avant-veille.

Le jour naquit derrière les persiennes fermées, puis grandit. Toute appréhension immédiate avait disparu.

Bientôt les mille voix de Paris élevèrent ce rassurant murmure qui éloigne les idées de terreur.

Six heures sonnant à la pendule, Vincent sauta hors de son lit. Il se sentait incroyablement dispos.

Son corps restait sensible dans toutes ses parties, on y voyait les innombrables traces du martyre, mais toute enflure avait disparu, et quand Vincent eut renouvelé ses lotions d’arnica, son appétit parla si haut qu’il saisit un cordon de sonnette.

Il n’appuya point, pourtant. Avant d’appeler, il lui restait deux choses à faire : détruire ses barricades dont il était presque tenté de se moquer main-