Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/368

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Introduire la justice au fond de ce noir secret, c’était livrer, c’était perdre le trésor.

Et nous le répétons, Vincent Carpentier n’avait pas même songé à cela, quoiqu’il y eût désormais entre lui et le trésor un obstacle en apparence insurmontable.

En amour, l’espoir s’obstine en dépit de toute raison. Pour détourner le couteau dont la pointe aurait touché sa poitrine, Vincent Carpentier n’eût pas dit à un juge : « Le trésor est là ! »

Le danois s’était couché sur le tapis et digérait sa soupe. Il dormait à l’abri de tous remords.

Vincent ne savait même plus que son chien était là.

Vincent, pâle, serrait d’une main convulsive la crosse de sa carabine.

De l’endroit où il était, il ne pouvait voir l’hôtel en construction.

Sans quitter son arme, il avança d’un pas et tendit le cou pour glisser un regard par la fenêtre.

Tout restait de même dans l’aspect de la bâtisse. Les pierres montaient, soulevées par la grue, les maçons torchaient le mortier, la scie grinçait dans le tuffeau, le bois retentissait sous le marteau des charpentiers ; seulement, l’échafaudage supérieur était vide.

Fanchette et le colonel avaient disparu.

Vincent éprouva une sorte de soulagement à se dire :