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Pourquoi la pensée de réclamer l’aide de la loi ne naissait-elle pas dans d’esprit de Vincent Carpentier ?

Car il avait songé à tout, excepté à cela.

Nous pourrions répondre que la conscience de Vincent n’était déjà plus de celles qui montrent volontiers leurs replis à la justice. Vincent ne pouvait dénoncer autrui sans se dénoncer lui-même. Par quels moyens avait-il pénétré dans la maison du colonel Bozzo et surpris le mystère du parricide ?

Mais nous préférons donner la véritable explication qui est celle-ci :

Nul ne s’étonnerait de voir un homme passer à côté de la justice sans crier au secours s’il était établi que cet homme aime passionnément, et qu’en appelant la justice, il perdrait la femme bien-aimée en même temps que l’ennemi.

Dès que l’amour est en jeu, tout paraît clair.

« Où est la femme ? » dit le proverbe moqueur, mais rigoureux comme un axiome géométrique.

Eh bien ! Vinrent Carpentier était amoureux. Il n’y avait point de femme, mais il y avait le trésor.

Et la froide passion que peut allumer un tas d’or est plus impérieuse, plus extravagante, plus implacable que n’importe quel amour inspiré par une femme.

Plus jaloux aussi, je l’affirme.