Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/373

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Ses cheveux se dressaient sur son crâne et la sueur froide ruisselait le long de ses tempes.

Il pensait :

— C’est moi qui devrais être ainsi. Le potage était pour moi.

Quand le danois ne bougea plus, Vincent s’essuya le front et prit en main la tasse qui avait contenu le potage.

— Ici, pas de milieu, dit-il : mourir de faim ou être tué.

Il poussait du pied César, qui n’était plus qu’une masse inerte.

— Et bien tué, ajouta-t-il. Raide mort !

Il s’assit auprès du guéridon et mit sa tête entre ses mains, disant encore :

— Moi, qui ne craignais que la nuit !

Tout à coup, un tressaillement secoua son corps et le mit debout.

Il rasa la muraille pour n’être point vu du dehors et s’approcha de la fenêtre où naguère il se faisait la barbe.

— Le bruit venait de là ! murmura-t-il en soulevant le rideau de gauche, mais sans avancer la tête et en restant abrité par le mur.

Son regard avide interrogea la partie du carreau cachée derrière la draperie.

Le souffle s’arrêta dans sa poitrine pendant qu’il balbutiait :