Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/375

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juste à son milieu, et le bâton qui la soutenait, pris dans le sens de sa longueur, avait éclaté.

La balle était là, dans le bois, et pourtant vous eussiez dit que Vincent l’avait reçue en pleine poitrine.

Il restait écrasé sous le poids d’une indicible terreur.

Depuis une heure qu’il était hors de sa couche, on avait essayé deux fois de l’assassiner.

Ce n’était plus la guerre lente et circonspecte comme la menait le vieux colonel, c’était une bataille fougueuse, engagée du premier coup à toutes armes.

Le présent annonçait l’avenir.

L’ennemi ne s’embarrassait de rien et ne gardait aucune mesure : il frappait des deux mains à la fois.

Le poison et le plomb avaient manqué leur office.

Le fer allait venir, et le feu, que sais-je, on allait miner la maison peut-être ou précipiter les plafonds.

La mort menaçait de tous côtés, au dehors comme au dedans sans doute.

Un instant, l’imagination de Vincent Carpentier la vit si proche et si certaine qu’il s’affaissa dans un engourdissement découragé.

Il perdit jusqu’à la pensée de lutter ou de résister,