Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/382

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Roblot regardait par derrière son allure cassée mais sautillante.

— Diable de vieux polichinelle ! pensait-il, c’est sûr qu’il a été taillé dans du caillou !

Le colonel découvrit du premier coup d’œil le trou du carreau. Il l’examina curieusement et grommela :

— Deux pieds et demi d’écart, c’est trop. Ma main se gâte.

Puis faisant exactement comme Vincent lui-même avait fait, il se retourna, cherchant une ligne imaginaire qui le conduisit droit au lit.

Il mit le doigt sur la patère percée et dit encore :

— Bonne arme, mauvais tireur. Voilà un coquinet qui m’a l’air d’avoir dans sa poche un bout de corde de potence. Voyons le déjeuner.

Roblot tenait à la main la tasse d’argent qui avait contenu le potage.

— L’a-t-il assez nettoyée ? demanda-t-il d’un ton de triomphe.

Le colonel prit la tasse et la regarda longuement.

— Bibi, dit-il enfin, tu es un imbécile.

— Merci… commença Roblot.

— Tais-toi ! ce potage n’a pas été mangé, mais lampé, puis léché — non pas par un homme, mais un chat ou un chien…