Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/381

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gent, et pourtant son corps s’est remplumé un petit peu. Il enterrera nos petits enfants.

— Eh bien ! eh bien ! dit le colonel, l’ami Vincent n’est donc pas à la maison ? Je vas entrer me reposer un peu. Donne ton bras, bijou.

Roblot obéit. Le vieux reprit en baissant la voix :

— C’est donc raté ?

— Il a mangé le potage, répondit Roblot, et la moitié du bifteck.

— Pas possible ! pauvre chou ! Ça va joliment le remettre ! ne monte pas si vite, bonhomme, je n’ai plus mon haleine de quinze ans. Comment allait-il avant déjeuner ?

— Il n’a pas voulu du docteur Samuel…

— Voyez-vous ça ! la confiance ne se commande pas, ma poule.

— Il s’est soigné tout seul, et bien soigné, car en vingt-quatre heures il s’était repiqué à miracle.

— C’est un mignon garçon, fit le colonel, et du talent. Je viens de visiter le nouvel hôtel de ma Fanchonnette, qui est son œuvre, c’est gentil à croquer. Mais nous sommes tous mortels, pas vrai ?…

— Excepté moi ! reprit-il d’un air espiègle en poussant la porte de la chambre.

Il entra le premier et se dirigea vivement vers la fenêtre de gauche, celle dont Carpentier avait laissé retomber les rideaux.