Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/409

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venant auprès de toi de sa personne, te dira : « Partons ! » Tu le suivras. C’est ma volonté. Je t’en prie, et, si cela ne suffit pas, je te l’ordonne.

— J’obéirai, mon père, dit Irène, qui était pâle et qui tremblait, je vous promets que j’obéirai ; mais ne saurai-je point la nature du danger qui nous menace ?

— Tu ne sauras rien, répliqua Vincent. Tu es ici en sûreté, du moins je le pense. Tu y resteras jusqu’à ce que je t’aie appelée à moi par la voix de Reynier… Et maintenant je te dis adieu, ma chère enfant. Mes heures sont comptées. Si tu as du temps encore après les souvenirs et les prières qu’on t’a demandés dans cette lettre, souviens-toi de moi, prie pour moi.

Il voulut s’arracher des bras d’Irène, mais elle le retint, cachant dans son sein son visage baigné de larmes.

— Père ! oh ! père ! balbutia-t-elle. Ne me quitte pas ainsi ! tu es fâché contre moi. Je n’ai que quinze ans. Me voilà seule. Je t’en prie, ne me laisse pas dans cette ignorance qui me tue !

Pour la seconde fois Vincent fut sur le point de parler, car il adorait doublement cette enfant, pour elle-même et pour la mémoire bien-aimée de sa mère.

Mais il eut la force de résister.

Un dernier, un long et ardent baiser fut appuyé