Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/41

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Il lui parut qu’une immensité blanche et lumineuse l’entourait de tous côtés.

Il ferma ses yeux éblouis.

— Où suis-je ? s’écria le vieillard enchanté, tu aurais dû dire : Où suis-je ? C’était le mot de la situation. À la Porte-St-Martin, quand on amène le jeune Mme la duchesse et qu’on lui ôte son foulard, il dit toujours : Où suis-je ? Ma chatte, ce n’est pas de la neige qui te blesse la vue. Nous avons vingt degrés au-dessus de zéro, grâce à un bon poêle que tu ne vois pas, mais que tu peux entendre ronfler. Tes yeux vont s’accoutumer peu à peu à tout ce linge que j’ai tendu moi-même pour que, le cas échéant, tu puisses te retrouver dans cette chambre, sans reconnaître les lieux. Allons, rouvre tes lanternes, nous ne sommes pas venus pour nous amuser.

Ce fut le mot « linge » qui releva les paupières de Carpentier.

Il regarda de nouveau et vit qu’en effet il se trouvait dans une sorte de tente cubique comme une boîte, dont les quatre pans latéraux et le plafond étaient formés par des draps de lit tendus au moyen de cordages.

Sur le parquet ou le carreau qu’on ne voyait point, il y avait une natte de jonc.

Le tout était éclairé par deux lampes de fort calibre qui pendaient à la voûte invisible.