Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/42

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Carpentier resta muet. Il se disait en lui-même :

— Quel étrange entassement de précautions !

— Oui, oui, oui, fit par trois lois le vieillard, qui jouissait évidemment de sa surprise, c’est moi-même qui ai arrangé tout cela, moi seul, et c’est bien arrangé. Il faudrait que vous fussiez un sorcier, mon camarade, pour deviner ce qu’il y a ici à droite, à gauche, au-dessus et au-dessous. C’est un taudis ou c’est un palais, je permets à votre imagination de travailler tant qu’elle voudra. Vous allez voir un carré de muraille toute nue. C’est moi qui ai enlevé ce qu’il y avait dessus. Était-ce du papier à six sous le rouleau ? une tapisserie des Gobelins ? ou une boiserie sculptée et dorée ? Rien qu’à regarder votre figure, je m’amuse comme un bienheureux.

Ceci était la vérité même. Le colonel frottait ses mains desséchées l’une contre l’autre avec une joie d’enfant, et les mille rides de son visage s’entre-croisaient, tandis qu’il riait de tout son cœur.

Dans l’espace carré, ménagé entre les quatre tentures, il n’y avait qu’un seul meuble : un grand vieux fauteuil à oreillettes, rapetassé en maints endroits et qui semblait sortir d’une boutique de bric-à-brac.

Le colonel s’y était plongé en laissant échapper un gloussement de volupté.

— C’est moi qui l’ai acheté, dit-il encore, c’est moi qui l’ai apporté. Nul n’entrera jamais ici que