Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/422

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pour rester tout uniment à Paris que Capentier nous donne ces trois différents changes ?

— Cela devrait être ainsi ! reprit-il avec une sorte d’emportement soudain. Rester à Paris, voilà le vrai de la situation. Opérer en moi, comme le scélérat l’a fait lui-même, une transformation de pied en cap, entrer dans la peau d’un autre, puis, percer les murs, creuser la terre fût-ce avec mes ongles, pratiquer un trou de taupe ou de lézard, — où de serpent, — m’y cacher, m’y couler, avancer toujours en prolongeant le boyau de mine et parvenir enfin jusqu’au trésor que je viderais peu à peu comme un mince siphon peut dessécher, avec la patience et le temps, la plus profonde, la plus large des cuves !

Il sauta sur ses pieds en s’écriant :

— Je le ferai ! c’est décidé, je le ferai ! Dussé-je rester des semaines et des mois enfoui dans une tombe !

Mais il s’interrompit et ses deux bras s’affaissèrent, tandis qu’il ajoutait :

— César est mort ! Le carreau a été troué par une balle à quelques pieds de mon crâne ! je n’aurais pas le temps. Ils sont nombreux, ils sont partout. À l’heure qu’il est ils ont peut-être déjà trouvé ma trace. La mort me guette. Il faut fuir, fuir, fuir ! Je voudrais l’épaisseur entière du globe entre ce misérable et moi !

Ses yeux épouvantés roulaient maintenant tout