Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/424

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gnent rien, pas même le ridicule, et qui s’en vont, piétons infatigables, chercher de vieux arbres, de l’herbe, de l’eau, de la lumière, la vérité enfin de la terre et du ciel.

Ont-ils du talent ? Je ne sais. Quelques-uns en auront peut-être, et je voudrais que Dieu en pût donner à tous.

Mais ils ont la jeunesse et ils ont la foi. Cette grande vertu, l’espérance attache des ailes à leurs pieds.

Qu’ils aillent, qu’ils s’efforcent. Le lac leur dira le secret de sa molle transparence, les moissons feront pour eux onduler l’or pâle des épis ; la forêt les inspirera de son ombre, où le soleil oblique glissera un long regard brillant.

Qu’ils aillent, ces poètes du pinceau, qu’ils soient heureux comme ils sont braves, et qu’au bout du voyage, enchanté par l’illusion, ils trouvent l’aisance, sinon l’opulence ; sinon la gloire, qui est, hélas, si rare ! du moins un peu de renommée heureuse.

Une idée traversa la cervelle de Vincent. Il n’était ni peintre, ni jeune, et la nature n’avait aucun secret à lui confier, mais c’était un déguisement qu’il cherchait.

Il ne discuta même pas le soudain conseil que lui donnait sa fantaisie.

Le premier mouvement est, dit-on, le bon : Vin-