Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/425

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cent décrocha le costume, mit bas ses vêtements et fit sa toilette avec une vivacité toute juvénile.

— Et Reynier ? demanda-t-il pourtant.

Il prit un fusain et écrivit sur la muraille, à la place où il avait pris le costume :

« Mes enfants, au revoir. »

Puis il chargea le sac sur ses épaules, prit en main la canne-pliant et sortit à grands pas par la seconde issue de l’atelier qui donnait sur la rue Vavin.

Premier bonheur, la concierge s’occupait de son ménage et ne le vit point passer.

Second bonheur, la rue était déserte. Vincent put tourner l’angle de la rue de l’Ouest et gagner le rond-point de l’observatoire sans rencontrer aucune de ces figures curieuses qui embarrassent la timidité d’un acteur à ses débuts.

Le rôle qu’il avait choisi convenait du reste au quartier. L’allée de l’observatoire est le grand chemin des peintres-touristes.

On ne fait pas plus attention à eux dans ces parages qu’on ne remarque les aspirants de marine à Toulon, les bonnes d’enfants aux Tuileries ou les cuirassiers à Versailles.

Autant que le lui permettaient sa fatigue et ses contusions mal guéries, Vincent se donnait la tournure de l’emploi. Il allait d’un air crâne, le nez au vent et portant sur l’oreille un feutre mou à grands bords qui était « artiste » à toute outrance.