Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/427

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après le beau temps, se met en déroute à l’instant même où l’ouragan soulève en tourbillons la poussière du boulevard ; la première goutte d’eau qui lui tombe sur le bout du nez le pousse sous une porte cochère, où il regrette amèrement ce parapluie, meuble humiliant que l’almanach lui imposa par tant de jours ensoleillés !

Vincent Carpentier poursuivait sa route, sans souci des nuages de l’est, qui, en fait, avaient de riantes couleurs et ne couvraient pas le quart du ciel.

Au couchant, le soleil descendait dans des vapeurs empourprées qui ne parvenaient pas à voiler sa splendeur.

Il pouvait être six heures du soir.

Vincent avait fait dessein de remplir au naturel son rôle de pauvre hère et de prendre son souper et son lit dans une auberge de la grande banlieue, sous prétexte d’arriver plus tôt le lendemain matin sur le terrain de chasse, de sa chasse aux paysages.

Comme il allait, bien fatigué déjà, mais soutenu par la pensée que chaque pas l’éloignait du danger, il eut l’idée de regarder derrière lui la route droite et plate, pour mesurer la distance parcourue.

Un coupé arrivait au grand trot, soulevant un nuage de poudre.

Carpentier eut comme un éblouissement, et son cœur cessa de battre.