Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/432

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Il n’avait pas la volonté de lutter.

Auprès de lui était une masse sombre. Ses reins restaient baignés dans l’eau de l’ondée, mais sa tête s’appuyait contre une pierre qui formait le seuil d’une maison.

Vincent ne voyait pas la maison, mais il entendait derrière lui une voix rauque qui chantait parmi les fracas de l’orage : une voix de vieille femme ivre.

L’histoire de Reynier le tenait à tel point qu’il croyait reconnaître une chanson italienne.

Un éclair brilla. La maison sortit de l’ombre, délabrée et triste, avec le sentier fangeux qui la bordait et la haie chauve de son petit enclos.

Quand l’éclair eut cessé de luire, Vincent vit une lueur faible sourdre entre la porte et le seuil.

On chantait toujours. Des pieds chaussés de gros souliers se mirent à marcher sur le carreau.

— Ohé ! cria-t-on à l’intérieur, est-ce que tu t’endors au lieu de t’habiller, fainéant ? Ohé ! Marchef !

Si la muraille était tombée sur lui, Vincent n’eût pas été frappé plus violemment.

Un instant, il crut rêver, d’autant que cette stupéfiante question n’obtint point de réponse.

Mais la voix rauque reprit presque aussitôt après :

— Ce n’est pas tous les soirs que le Maître se dérange pour venir lui-même te dire, jusqu’au fond de