Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/436

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obsession morale très intense. Un mauvais génie s’était glissé auprès d’elle et l’avait enlacée comme le serpent s’enroule autour d’une proie.

Quelque soit le nom que nous lui donnions la mère Marie-de-Grâce ou le comte Julian, ce démon, l’œil fixé implacablement sur son but, avait choisi Irène comme un instrument, comme une clé qui pourrait un jour ouvrir la porte du trésor de la Merci.

N’oublions pas que tout un cercle d’avidités, excitées jusqu’au délire, entourait cet amas de richesses, et que Carpentier était désigné à la fiévreuse passion de tous ces chercheurs d’or comme le seul homme au monde qui connût — peut-être — le secret du colonel, puisque le colonel l’avait choisi pour fabriquer la caisse de pierre où dormait sa gigantesque fortune.

Placé entre le colonel lui-même, ou plutôt entre le comte Julian et les Compagnons du Trésor dont il avait repoussé l’alliance, Vincent Carpentier, seul et possédé aussi par la fièvre commune, n’avait pas grandes chances d’échapper à sa destinée.

Le comte Julian, le vainqueur d’aujourd’hui, était parti de très bas et de très loin pour entamer le siège de la maison de son aïeul. Il avait fait comme les généraux habiles en face d’une place forte bien défendue, il avait établi partout où cela se pouvait des ouvrages avancés dont beaucoup pouvaient res-