Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/44

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aux ciseaux à froid dont l’acier trempé rendait au regard des lampes des gerbes d’étincelles.

— Cela te suffit-il ? demanda le colonel.

— Oui, répondit Vincent, pour démolir ou pour bâtir. Je suis prêt ; tracez-moi ma besogne.

Le doigt du colonel désigna le pan de tenture qui était à sa droite.

Il y avait là, ce que Carpentier n’avait pas encore remarqué, une pièce de toile en carré long, figurant une porte et rattachée à la draperie principale par des épingles.

— Ôte les épingles, ordonna le colonel.

Carpentier obéit. La pièce de toile, en tombant, découvrit un mur nu, formé de superbes pierres de taille.

À cette vue Carpentier s’écria :

— Nous sommes donc ici dans une forteresse ?

— Mon bon, répliqua le colonel, la ville de Paris a eu successivement cinq ou six enceintes, destinées à soutenir des sièges. Lisez Dulaure : ce n’est pas un écrivain de première force, mais il abonde en renseignements curieux. Des restes de ces enceintes existent en nombre d’endroits, sur les deux rives de la Seine, rue Saint-Sauveur, à la Porte-aux-Peintres, rue Saint-Jacques, rue Sainte-Marguerite, cul-de-sac Contrescarpe et ailleurs. En outre, Montmartre, Vaugirard, Chaillot, possèdent des débris de castels enclavés dans des propriétés particulières.