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chez Reynier, avait reconnu sa défroque, en dehors de la barrière de Fontainebleau, sur le dos d’un homme entre deux âges, paraissant malade et fatigué.

La fillette se promenait avec une connaissance. Elle avait pu suivre le voyageur jusqu’aux environs de Bicêtre, mais alors était survenu l’orage, et la fillette avait cherché refuge dans un cabaret.

Au delà de ce point : Bicêtre, toute trace s’évanouissait.

Irène se souvenait de sa dernière entrevue avec son père. Elle avait remarqué le trouble, le décousu de sa parole. Elle gardait l’impression de tristesse, presque de frayeur que lui avait laissé son adieu.

Il en était de même de Reynier. Les derniers mots de Vincent lui sonnaient encore à l’oreille, et cela ressemblait à un testament verbal.

Mais pourquoi Vincent l’avait-il envoyé à l’administration des Messageries générales ?

Il fut découvert que Vincent avait retenu sa place, pour ce même soir, aux Messageries Laffitte et à la malle-poste.

Une idée lugubre naissait tout naturellement. Elle vint à Reynier, elle vint à Irène : l’idée d’un suicide. Mais quelle raison Vincent pouvait-il avoir d’attenter à ses jours ? Il était en pleine prospérité ; ses affaires élargissaient leur cercle chaque jour ; il marchait rapidement à la fortune.