Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/76

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corps. Le sommeil l’avait surpris au plus fort de ses calculs à perte de vue, qui s’étaient prolongés confusément en un rêve lourd et maladif.

Il se leva, brisé, mais cherchant encore, avec l’entêtement de la fièvre, la solution du problème posé par les événements de la nuit précédente.

La voix de Fanchette, si douce pourtant, le blessa au premier abord parce qu’elle lui rapportait la pensée d’une sorte de complicité.

Il était mécontent de lui-même et inquiet ; il se disait :

— Y a-t-il au monde une excuse pour ce fait de se laisser mettre un bandeau sur les yeux ? J’ai vendu ma clairvoyance : Suis-je encore un honnête homme ?

Mais dès qu’il eut ouvert sa porte, le sourire contagieux de Fanchette entra chez lui comme ce rayon de soleil qui dissipe le cauchemar nocturne. Rien ne pouvait se cacher derrière Fanchette, sinon la grâce et la bonté. Elle était si heureuse de bien faire !

— Monsieur Vincent, dit-elle, vous êtes pâle comme si vous aviez dansé toute la nuit. Je ne sais pas comment vous vous y êtes pris avec le bon père, mais il est coiffé de vous jusqu’aux oreilles. Il était dans ma chambre à neuf heures, ce matin, pour me parler de votre Irène et de votre Reynier. Nous allons partir pour le couvent, pour le collège. Je veux