Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/77

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voir tout ce monde-là moi-même et contenter une bonne fois l’envie que j’ai de jouer à la maman.

— Est-ce que tu veux aller en pension, Irène ? demanda Carpentier d’un ton où il y avait de l’amertume.

— Irène, est-ce que tu veux nous quitter ? ajouta Reynier.

L’enfant s’arracha des bras de Fanchette. Son regard, tout à l’heure si joyeux, avait pris une expression farouche.

— Mademoiselle Francesca, dit encore Vincent, nous étions bien pauvres ici, mais nous étions heureux.

— Et croyez-vous que j’aimais à apprendre quand j’étais petite ? s’écria Fanchette. C’est décidé : Irène ira au couvent ou à la pension, cela m’est bien égal ; elle ira où se donne la belle, la bonne éducation, et si Reynier s’y oppose, c’est qu’il ne l’aime pas, voilà tout.

Elle tendit sa main à Reynier, qui y mit ses lèvres, mais ne répondit point.

— Nous étions heureux ici, répéta Vincent, dont le regard fit le tour de la chambre indigente : qui sait où nous allons ?

Il était en proie à une émotion plus vive et surtout plus douloureuse que la situation ne semblait le comporter.

— Et si c’est Irène qui ne veut pas aller en pen-