Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/78

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sion, continua Fanchette, c’est qu’elle n’aime ni son père ni son frère !

La petite fille se jeta au cou de Vincent. Reynier dit :

— Elle apprend si vite et si bien ! J’ai souvent fait ce rêve qu’elle aurait l’éducation d’une demoiselle.

— Veux-tu ?… balbutia Vincent dans le baiser qu’il donnait à sa fille.

L’enfant répondit, les yeux fixés sur Reynier.

— Oui, père, si vous le voulez tous les deux.

Il y eut un silence pendant lequel Mlle Fanchette s’assit sur le pied du lit en fronçant ses jolis sourcils pour cacher l’envie qu’elle avait de pleurer.

— Lequel des trois est le moins sage ? fit-elle.

— C’est moi, répliqua brusquement Carpentier. On devrait vous recevoir ici comme l’ange du salut, mademoiselle Francesca. Je sais ce qu’il y a en moi. Si votre aïeul me remet le pied à l’étrier, ma fille sera riche, j’en réponds. Il faut qu’elle soit élevée pour cela. Qui sait, d’ailleurs, jusqu’où montera notre Reynier ? Et la femme d’un grand artiste ne doit pas être la première venue…

— Alors, s’écria Fanchette, qui essayait de railler par dessus son attendrissement, on les a fiancés au berceau comme un prince et une princesse, ces deux amours-là ?

Elle s’empara d’Irène, dont l’enfantine fierté se