Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/93

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Carpentier garda le silence.

— Parlons raison, reprit le vieillard avec brusquerie : ce que tu penses ou ne penses pas m’importe peu. Tu ne sais pas où nous sommes, j’en suis sûr ; et tu ne le sauras jamais. Le cocher qui nous a servis depuis trois mois va quitter la France dans quelques heures. Avant qu’il soit huit jours, l’ancienne boiserie de cette chambre sera remise en place, à moins que je n’y colle du papier ou que je ne la tende avec des Gobelins. Cherche ! le diable lui-même ne s’y reconnaîtrait pas. Reprends la lampe, ma poule.

Il se leva et sortit du trou le premier. Vincent le suivit. La pierre montée sur gonds qui servait de porte, et dont l’installation avait coûté plusieurs semaines de travail assidu, fut poussée avec précaution, la serrure toute neuve rendit un bruit sec.

Comme par enchantement, le trou avait disparu.

Le colonel promena la lampe le long des rainures, puis, de son poing tremblant il frappa la pierre, qui resta sourde.

— C’est joli, répéta-t-il, joli, joli. Je n’ai plus qu’à mettre là-dessus un peu de bois ou un peu de tapisserie, et je veux que le loup me croque s’il est possible de rien soupçonner ! Toi-même, tout le premier, tu n’y verras que du feu, à l’occasion. Sangodémi ! tu es un aimable garçon, embrassons-nous !