Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/92

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sur lesquels retombaient de longues paupières, il ajouta :

— Hé ! bijou ! je t’aime tout plein. Tu t’étais laissé glisser au niveau d’où l’on ne se relève guère tout seul. Je vais tourner la manivelle et te remonter à deux ou trois crans plus haut qu’autrefois. Tu seras un monsieur, mon compagnon, je le veux : un gros monsieur.

— Vous m’avez déjà payé amplement, murmura Vincent qui essaya de sourire.

— Dis-tu ce que tu penses ? fit le colonel en abaissant davantage ses paupières, je n’en crois pas un mot. Tu es un drôle de camarade, et je donnerais quelque chose de bon pour savoir tout ce qui t’a passé par la tête depuis trois mois.

Il s’arrêta. Vincent resta calme.

— Tu as pâli un petit peu, reprit le colonel, mais pas trop. Est-ce que tu as visité les caveaux de la Banque, toi, par curiosité ?

— Non, jamais, répliqua Vincent.

— C’est amusant. Si on ouvrait les portes le dimanche, il y aurait bien plus de monde qu’au musée du Louvre. Sais-tu qu’en arrimant bien des choses, comme ils disent dans la marine, ou pourrait mettre ici tout ce que contiennent les caves de la Banque ?

Entre les cils blancs de sa paupière, un regard tranchant passait.