Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/130

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Tant que la beauté resplendit, c’est la jeunesse. Marguerite était jeune, puisqu’elle était merveilleusement belle et que les dix-huit ans d’Irène ne faisaient pas ombre aux rayons de son regard.

Irène s’assit auprès d’elle, et dit, après avoir posé la bougie sur la table à ouvrage :

— Madame, pourquoi m’avez-vous parlé de mon père ?

— Parce que j’ai un service à vous demander, ma chère enfant, répondit la comtesse. J’ai besoin de votre chambre pour cette nuit.

Irène garda le silence, mais sa figure expressive disait sa surprise sans bornes.

Elle cherchait le rapport entre sa question et la réponse qui lui était faite.

— C’est bien, poursuivit la comtesse Marguerite, vous n’avez pas baissé les yeux. Aucun soupçon malséant n’a traversé votre pensée. Vous êtes telle que je vous avais devinée, mon enfant, sincère et droite comme la vertu. J’ai besoin de votre chambre pour un motif qui est digne de moi et de vous.

En parlant, elle avait soulevé le papier de soie qui servait de garde à la broderie d’Irène.

— C’est de l’art ! murmura-t-elle, de l’art véritable, et je regrette presque d’avoir à vous dire que vous abandonnerez bientôt tout cela. Vous n’aurez pas le temps de finir l’ameublement de mon boudoir, Irène.