Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/319

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Il avait besoin de toi contre moi qui étais la menace du destin, et contre Vincent qui était le Trésor.

Je ne m’éloignais pas. Je restais près de toi. Pourquoi dire ce que je souffrais ? Et comment ? Je veillais inutilement ; puisque je ne pouvais pas frapper l’ennemi qui était mon père, mais enfin je veillais.

On essaya de m’assassiner. Pour d’autres, c’eût été une raison de douter. Pour moi, c’était une preuve irrécusable. Je savais la loi de famille : le coup de couteau était la première caresse de mon père !

Croyais-je, cependant ? J’aimais mieux m’accuser de démence. Il a fallu pour écraser mes doutes la parole de ma mère.

Ce fut six semaines environ après mon entrée dans la maison du docteur Samuel, où j’avais été transporté mourant. Mes blessures étaient déjà presque guéries. J’aurais pu rester là un siècle sans me douter de rien, car le savant et grave médecin dont les soins me rendaient à la vie m’inspirait un respect véritable.

Une seule chose aurait pu faire naître en moi la défiance. J’avais entrevu par ma croisée, dans la cour des malades traités gratuitement une figure qui me rappelait des souvenirs sinistres. On m’oublie jamais les gens comme Coyatier, dit le Marchef.