Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/320

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J’aurais juré que c’était lui.

Le jour même où j’eus permission de faire, pour la première fois, un tour dans le jardin, cet homme s’approcha du banc que j’occupais et me dit :

— Salut, monsieur Reynier. Vous avez là un nom du Tyrol, que les Autrichiens ont porté à Venise. Je sais que vous êtes allé à Sartène une fois ; je voudrais savoir si vous avez été jusqu’à Trieste.

— Je suis allé à Sartène deux fois, répondis-je, car j’ai souhaité longtemps et ardemment une explication que vous pourriez me donner.

— Ah ! ah ! fit-il, vous me remettez ? Moi, je vous avais un peu oublié depuis le temps. Il y a une bonne femme qui est train d’avaler sa langue et qui abandonna autrefois un petit enfant dans l’Italie autrichienne. Elle voudrait vous voir avant de mourir.

J’avais la bouche ouverte pour demander qui était cette femme. Coyatier me devina et répondit :

— Votre maman, parbleu ! C’était une jolie fille. Bamboche, votre vieille hôtesse de Sartène l’a bien connue. On l’appelait la femme du diable. Mauvais état. Si vous voulez des explications, c’est votre mère qui vous les donnera.

Je demandai où elle était.

— Ici même, répliqua le Marchef. On vous laissera la voir. Elle est protégée par Mme la comtesse de Clare, une des patronnesses de l’établissement.