Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/375

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de son dessein, menacé par la résistance de Reynier, Vincent Carpentier perdit toute mesure. Ses deux mains se nouèrent d’abord autour du cou de Reynier, comme s’il eût voulu l’étrangler ; mais voyant que le jeune peintre allait l’entraîner dans sa chute, il lâcha prise, et son poing fermé martela furieusement le crâne du fiancé de sa fille.

Reynier disait :

— Père ! oh ! père ! vous allez me tuer !

Le maniaque ne répondait pas. Il battait avec la régularité d’un marteau de forgeron, écrasant l’enclume.

Reynier fut bientôt étourdi. Son pied manqua. Ils trébuchèrent ensemble ; mais Vincent se retint au mur, tandis que le jeune homme était précipité dans le chantier.

Vincent se releva et ne regarda même pas ce qui advenait de son fils. Il dit :

— Tout le monde se met entre moi et mon ouvrage, mais j’arriverai malgré tout le monde.

Soit que sa cervelle ébranlée ne gardât point souvenir de l’embuscade que le hasard lui avait fait découvrir dans le jardin, soit que son idée fixe parvenue au paroxysme de sa puissance, étouffât en lui le sentiment du danger, il se prépara tranquillement à descendre. Il pensait :

— Dès que je vais avoir mon pic, gare à ceux qui me barreront le chemin !