Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/72

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aurait-il su l’heure juste où ce pauvre M. Reynier viendrait faire le tableau vivant chez la dame de mœurs légères ? Et pourquoi se serait-il absenté au lieu de jouer lui-même sa partie auprès de Mlle Irène ? La ressemblance y était, pas vrai ? sauf l’âge et la barbe ? Il se peinturlura en jeune homme et il acheta pour cinq francs de crêpe, voilà pour se payer une barbe. Voilà.

— Voilà ! répéta Échalot, ce serait peine perdue de te monter une couleur. Quelques jours après, je trouvai dans un des tiroirs du patron la barbe qu’il s’était faite et qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à celle de M. Reynier. Tu vois que je te dis tout.

— On te tiendra compte de ta sincérité, lors du jugement. Marche !

— Le lendemain M. Reynier vint. Je crois que Mlle Irène lui avait écrit de venir ; ça n’est pas mon habitude d’écouter aux portes, mais cette fois-là je ne pus pas résister. M. Mora se tenait bien tranquille dans sa chambre comme un chat qui pelote. Moi je me glissai sur le carré.

Ce fut une drôle de scène. Elle est raide comme un bâton, la petite, quand elle veut, rapport à ce qu’elle a été éduquée dans un couvent où il n’y a que des graines de comtesses et de marquises, au temps où le Vincent Carpentier avait de quoi.

— Reynier, dit-elle comme ça, je ne veux plus me