Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/90

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Et y a bien des employés du gouvernement qui ne sont pas de moitié si rusés que toi. Mais comment peut-on dire qu’il est sorti hier en menaçant, puisque tu étais à espionner sur le carré ? Est-ce qu’il n’avait pas promis plutôt d’apporter tout uniment des papiers ?

Il coula sa main sous le revers de sa redingote, et je crus que ma dernière heure était venue. Je pensai à toi, Léocadie… Mais c’était un paquet de papiers qui était sous sa redingote : les papiers de M. Reynier…

— On les lui avait pincés, dit Mme Canada, et mis les pistolets en place. Tu avais bien raison de le dire : c’était monté comme l’embuscade où fut pris mon chéri de Maurice. Monté à jour ! Ah ! les gueux !

— Sauf que les Habits-Noirs ont une meilleure troupe de comédie, insinua Échalot.

— Savoir ! fit la dompteuse. Achève.

— Ça ne sera pas long. M. Mora se mit à feuilleter les paperasses et me dit : Bonhomme, je suis content de toi. Tu n’as plus qu’à faire le mort et à couper ta langue. Tu n’as rien vu, rien entendu, et le reste ne te regarde pas.

Il me mit cinq louis dans la main.

— Seulement, ajouta-t-il, si tu écoutais encore aux serrures, tu sais…

Son doigt toucha le bout de son nez, puis il me montra la porte.