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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/237

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— Cet homme… M. Schwartz, sait-il ?… prononça André péniblement et tout bas.

— Non, répondit le vieillard. Il ne doit jamais savoir.

— Et elle… pour ce qui me regarde… est-elle instruite ? »

Le colonel répondit encore, mais d’un accent qui disait sa douloureuse sympathie :

« Non. »

Puis il ajouta :

« À quoi bon ? Ce qui est fait est fait.

— Est-elle heureuse ?… balbutia André d’une voix pleine de larmes.

— Oui, » repartit solennellement le vieillard.

La nuit tombait quand André se mit à faire ses paquets. Fanchette se jeta à son cou et lui dit :

« Bon ami, veux-tu que j’aille avec toi ?

Comme il la repoussait en souriant, elle ajouta :

« Je serai riche, bien riche, et belle aussi, quand je serai grande. Ne te marie pas, je deviendrai ta femme, et nous nous vengerons de tes ennemis. »

Ses grands yeux brillaient tout humides de larmes.

À neuf heures du soir, en cachette d’elle, André sortit de la maison. Il avait accepté, à titre d’emprunt, une petite somme des mains de son hôte.

M. Lecoq et le colonel, abrités derrière les rideaux du cabinet de ce dernier, le regardèrent traverser la cour.

« On ne pouvait pas contrarier l’enfant, dit le colonel ; mais sois tranquille, je me charge de tout : ce sera ma dernière affaire. »

André acheta un couteau-poignard et gagna la place Louvois où les nouveaux mariés avaient leur demeure. Ses renseignements étaient pris à l’avance. La place