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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/105

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Paris est capable de tout.

Mais qu’elle est laide au clair de la lune, cette graine d’idiot ou de héros ! Tirez !

Pendant que tout dormait dans ce trou plein d’illusions et de misère, la porte du logis de Trois-Pattes, située à l’étage au-dessous, roula doucement sur ses gonds. Le commissionnaire estropié de la cour dû Plat-d’Étain sortit de sa chambre avec précaution après avoir éteint préalablement sa lumière. Il monta l’escalier en rampant, et c’était chose pénible, mais curieuse de voir avec quelle adresse de reptile il profitait de sa roulette ou troisième patte.

Il s’arrêta devant le taudis d’Échalot et prêta l’oreille.

Puis, longeant un corridor étroit qui traversait, les combles, il rejoignit l’escalier de service et en descendit les marches à reculons, jusqu’au premier étage.

Là étaient deux portes dont l’une s’ouvrait sur les cuisines assez vastes et bien vivantes de la maison Lecoq, dont le patron était un joyeux appétit.

Ce fut à l’autre que l’estropié frappa six coups ainsi espacés : trois, deux, un.

La porte roula aussitôt sur ses gonds, et une voix de femme énergiquement enrouée dit en patois corse :

« Fa giorne, donque, aqueste, nott’, sclopat ? (Il fait donc jour, cette nuit, éclopé ?) »

Trois-Pattes passa le seuil en rampant et répondit :

« Il y a du nouveau, madame Battista. J’ai travaillé pour deux aujourd’hui, tout éclopé que je suis. Je ne dormirai pas avant d’avoir entretenu le patron.