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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/134

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plus d’une fois que Trois-Pattes avait braqué sa grande jumelle pour mieux lorgner le brassard.

— Preuve qu’ils s’entendent comme larrons en foire ! dit Michel.

— Jamais je ne les ai vus ensemble, répliqua Edmée, M. Bruneau est revenu bien des fois, toujours en l’absence de ma mère, et je serais ingrate si je n’avouais qu’il nous a rendu des services.

— Toujours en l’absence de ta mère ! répéta Michel qui réfléchissait.

— C’est peut-être le hasard… à diverses reprises il a offert du brassard une somme considérable.

— Cela vaut donc bien de l’argent ! pensa tout haut notre héros.

— Je le crois, car M. Bruneau n’est pas le seul qui désire l’acheter.

— Trois-Pattes ? interrogea Michel.

— Non. M. Lecoq. C’est le brassard qui lui a servi de premier prétexte pour passer le seuil de notre porte. Il connaît un amateur d’armes qui en donnerait dix mille francs.

— Dix mille francs ! répéta Michel étonné. Ce brassard-là, dix mille francs ! »

Puis, il ajouta :

« Mais on cherche parfois des moyens détournés de faire du bien. »

Edmée garda le silence, mais ses beaux sourcils se froncèrent ; elle restait décidément incrédule à l’endroit des vertus de M. Lecoq.

« Nous serions loin de ma prison, reprit Michel après une pause, si M. Lecoq ne nous y ramenait. Voici trois jours entiers que je joue à cache-cache avec ce bon M. Bruneau qui a prise de corps contre moi. La partie a été rude, car j’étais seul contre trois : le Nor-