Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/176

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« Ce que c’est que d’être bien servi ! murmura-t-il. Que le préfet me fasse signe, et, si nous nous entendons, je les lui donnerai à manger.

— Je ne suis pas chargé des affaires de M. le préfet, » répondit Gaillardbois d’un ton de mauvaise humeur.

M. Lecoq le regarda au travers d’une bouffée.

« Sans doute, sans doute, fit-il non sans une nuance d’ironie. C’est une jolie place, et qui n’est pas du tout au-dessus de vos moyens… J’y ai déjà songé.

— À quoi ? demanda le marquis.

— À la préfecture de police pour vous. »

Les deux pieds de Gaillardbois quittèrent le marbre de la cheminée pour retomber brusquement sur le parquet.

« Pas de folies, dit-il, j’ai besoin de tous ces gens-là.

— Est-ce que nous bornerions nos ambitions au secrétariat général ? demanda M. Lecoq avec dédain, nous ! fils des croisés ! »

Comme M. de Gaillardbois allait répondre, le pavillon qui avait annoncé la présence de Cocotte et de Piquepuce soupira, M. Lecoq l’approcha négligemment de son oreille.

« Il y a quelque chose dans le tour, » lui fut-il dit. Il se leva aussitôt et ouvrit une petite armoire en placard dont le battant unique ne se fermait qu’au bouton. Il en retira une boîte de carton et une large enveloppe qu’il déchira en prononçant l’inévitable :

« Vous permettez ?…

— Bravo ! s’écria-t-il, dès qu’il eut jeté un coup d’œil sur le contenu de l’enveloppe. Êtes-vous toujours bien en cour, monsieur le marquis ?

— On le suppose, » répliqua Gaillardbois avec une froideur affectée.