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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/180

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Le marquis obéit. Ce mot « argent » l’avait pris par l’oreille.

« Je suis une singulière nature, poursuivit M. Lecoq. Les plans se heurtent dans ma cervelle. Je produis beaucoup. Peut-être ai-je trop de mécaniques en activité… et pourtant non, car je résous volontiers ce problème de concentrer vingt forces hétérogènes dans un travail unique. Nous avons plusieurs affaires à traiter ce soir. Vous jugerez du moins que ce sont des affaires distinctes. Mais je veux bien vous le dire tout de suite : Je n’ai qu’une affaire, qui est immense. Voulez-vous assister demain ou après-demain au plus tard à une curieuse cérémonie ?

— Laquelle ?

— L’enterrement du chef suprême des Habits Noirs. — Ah çà, mais ! s’écria le marquis, cela existe donc, les Habits Noirs ?

— Très bien. L’homme qui est mort et que vous aviez l’honneur de connaître assez particulièrement, commandait à deux mille bandits dans Paris.

— Dans Paris ! deux mille bandits !

— Hommes, femmes, enfants, je ne crois pas exagérer. Du reste, vous verrez.

— Et le nom de cet homme ?

— Le colonel Bozzo-Corona.

— Le colonel est mort !

— Comme un saint, cher monsieur, il y a une heure.

— Et vous l’accusez ?…

— Dieu m’en garde ! à quoi bon ? J’ai peu d’ambition, et le peu d’ambition que j’ai n’a rien à voir là-dedans.

— Mais le colonel….

— N’est-ce pas ? quel honnête homme !… On s’impatiente là-bas, décidément ! »