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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/199

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venu de Livry à Paris dans le coupé de la voiture, seul avec la jeune Edmée Leber.

— Il faut se hâter, pensa tout haut M. Lecoq. C’est ici la vraie affaire. Il n’y en a pas d’autres. La poire est mûre à tomber ! Et, quand elle sera cueillie, nous nous moquerons de ce Bruneau comme de l’an quarante ! »

Le cornet acoustique lui dit à l’oreille :

« La baronne s’impatiente et le baron menace !

— Qu’ils attendent, ceux-là, répondit M. Lecoq brutalement et à pleine voix. Dites-leur qu’ils ne sont pas au bout ! Qu’ils attendent ! répéta-t-il en se levant pour arpenter la chambre à grands pas. J’ai le pied sur leurs têtes ! Ils vont en voir bien d’autres ! »

Le vent avait tourné ; il était en veine de fanfaronnades.

« Alors, poursuivit-il d’un ton vainqueur en s’arrêtant court devant Trois-Pattes qui avait pris sur son coussin une pose commode et paresseuse, le baron a laissé échapper la cassette ?

— En saluant jusqu’à terre la comtesse Corona, s’il vous plaît !

— Était-il dupe ?

— À demi.

— A-t-il reconnu son Michel ?

— Parfaitement. »

M. Lecoq fit claquer sa main sur sa cuisse d’un geste victorieux.

« Tout y est ! s’écria-t-il. J’aurais payé la Fanchette à l’heure, qu’elle n’aurait pas mieux manœuvré ! Le Bruneau et ta jeune Edmée me servent sans le savoir. Quand un plan est bon, vois-tu… Quelle place demanderais-tu, toi, monsieur Mathieu, farceur, si on me nommait ministre, hé ? La situation nettoyée d’un