Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/203

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auprès de la table. Au lieu de s’y asseoir, il approcha de la porte la chaise d’abord, puis la table, avec cette facilité de mouvements qui semblait soudain lui venir quand nul regard ne l’épiait. La porte avait un guichet très petit formé de trous ronds et recouvert d’un carré d’étoffe. Trois-Pattes l’ayant soulevé, vit M. Lecoq debout au milieu de la chambre, dans une attitude solennellement comique. M. Lecoq donna trois coups de talon espacés selon l’art, et dit :

« Attention ! au rideau ! Nous commençons ! »

Trois-Pattes répondit :

« Je suis à mon poste, patron. »

Et M. Lecoq, agitant ses deux bras, siffla un chut prolongé.

La porte qui communiquait avec les appartements de l’agence s’ouvrait à cet instant.

M. Mathieu passa sur son front sa main qui tremblait et l’en retira baignée de sueur. Il était très pâle. Ses traits gardaient leur immobilité ordinaire sous les masses révoltées de sa chevelure ; mais un large cercle noir se creusait autour de ses yeux qui brûlaient.

M. Lecoq salua galamment la baronne et la conduisit à un fauteuil.

Soit hasard, soit parti-pris, le fauteuil où M. Lecoq plaçait ainsi la femme du banquier millionnaire se trouvait juste en face du guichet.

Trois-Pattes ne jeta vers elle qu’un regard, puis ses yeux se fermèrent à demi et il songea.

Mme la baronne Schwartz était très émue, et peut-être cette longue attente, en donnant libre cours à ses réflexions, avait-elle augmenté son émoi, loin de le calmer.

« Je m’occupais de vous, belle dame… commença M. Lecoq.