Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/208

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— Je ne sais plus ce que je voulais vous dire, murmura la pauvre femme avec accablement.

— Moi, je le sais, cela suffit. Le bouton de diamants, niaiserie ! l’empreinte de la clef, fadaise ! Notre pièce, à nous, marche plus vite que cela. Nous allons jouer tout à l’heure trois actes en dix minutes. Que contient la cassette ? voilà deux fois que je vous le demande.

— Vos paroles ont l’air d’une menace ! dit la baronne d’une voix brisée.

— Ce n’est pas moi qui menace, ce sont les faits. Vous avez eu raison de venir. Si vous n’étiez pas venue, j’aurais été cette nuit au château.

— Cette nuit ! et pourquoi ?

— Pourquoi ! parce qu’il faut prendre le taureau par les cornes. »

Il consulta sa montre et se leva. Trois-Pattes fit un mouvement, comme si, oubliant son infirmité, il eût voulu se mettre aussi sur ses jambes.

« Pas de faiblesse, reprit M. Lecoq froidement. Vous allez éprouver un grand choc, chère madame. Tenons-nous fermé. Les évanouissements n’avancent à rien, croyez-moi. »

Il prit le pavillon d’ivoire qui justement se mit à siffler.

« Le baron s’en va, dit le cornet ; il est furieux. Faut-il le laisser aller ? »

On sait que le son s’arrête à l’orifice même de ces appareils acoustiques. Rien ne parvint aux oreilles de la baronne, qui pourtant écoutait de toute la force de sa terreur.

M. Lecoq répondit :

« Rappelez-le, qu’il vienne et qu’il se calme. Je le veux ! »