Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/207

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que je suis spécial dans cette partie. M. le baron me chargea de l’achat, et je trouvai cette pièce véritablement excellente, dont je pouvais répondre, puisque je l’avais vendue moi-même autrefois à cet infortuné M. Bancelle.

— Pourquoi donc me dites-vous cela ? demanda Mme Schwartz d’une voix altérée.

— Parce qu’il y a des rapprochements étonnants, madame. Je sais aussi où est le brassard ciselé…

— Le brassard ! » répéta Julie avec un douloureux tressaillement.

C’était bien Julie en ce moment, Julie Maynotte, et non point la baronne Giovanna Schwartz, car, depuis une minute, son cœur entier vivait dans le passé.

« Qui donc possède ce brassard ? interrogea-t-elle.

— Oh ! repartit M. Lecoq, il appartient à des gens qui ne le vendraient point, quoiqu’ils soient très pauvres. Je l’ai reconnu dans la chambre à coucher de Mme Leber.

— La mère d’Edmée ! » fit-la baronne dont la tête s’inclina sur sa poitrine.

Vous eussiez dit que Trois-Pattes, de l’autre côté de la porte, était en proie à une sourde et immense colère. C’était un regard de feu qu’il dardait au travers du guichet.

« Pourquoi chez la mère d’Edmée ? bégaya la baronne. Pourquoi ?

— Savez-vous le vrai nom de la mère d’Edmée ? Il y a des moments où les vieilles choses qui dorment s’éveillent. Dans cette maison où nous sommes, je connais deux jeunes gens, le fils du magistrat qui condamna André Maynotte et le fils du commissaire de police qui l’arrêta, deux jeunes gens qui font une pièce de théâtre avec cette histoire-là. Justement cette histoire-là, entendez-vous ! Est-ce assez drôle, hé ?