Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/22

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— Coupable ! Lesurques !

— J’ai besoin de cette hypothèse pour mon plan.

— C’est différent, marche ! »

Et Étienne, avec son imperturbable bonne foi, se mit à écouter de toutes ses oreilles.

« Au fond de cette rapsodie, reprit Maurice, j’ai déniché une phrase qui contient un problème dramatique de premier ordre. André Maynotte, dans son interrogatoire, dit ceci au juge d’instruction : Pour chaque crime, il faut à la justice un criminel, et il n’en faut qu’un.

— C’est connu comme le loup blanc. — Tu crois !… et si nous faisions le Voleur diplomatique ?

— Hein ! fit Étienne affriandé. Qu’entends-tu par là ?

— J’entends un homme qui commet cent crimes et qui fournit à la justice cent criminels. »

Étienne resta comme affaissé sous le poids de l’admiration.

« Mais c’est immense, ça ! murmura-t-il.

— Et qui vieillit, entouré de l’estime générale, continuait Maurice, et qui amasse millions sur millions, quand tout à coup, à son cent-unième forfait…

— La Providence…

— Non… Lesurques ressuscité, ou André Maynotte qui a fait le mort… Est-ce que ton père n’a pas été juge d’instruction à Caen ?

— Mais si fait.

— Vers cette époque ?

— Précisément.

— Moi, le mien était commissaire de police. Nous aurons une foule de notes… et je crois bien avoir entendu parler de tout ça quand j’étais petit. Ouvre l’oreille : on s’arrangera de manière à ce que la for-