Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/23

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tune du baron Verdier vienne de là. Ne t’étonne plus des tristesses d’Olympe. Édouard est le fils de la victime, et Sophie…

— Le diable m’emporte ! s’interrompit-il en se levant, il y a quelque chose comme cela dans ce Michel !

— En voilà un qui nous a lâchés d’un cran ! dit Étienne, non sans une nuance de rancune.

— Il souffre… pensa tout haut Maurice, et il travaille.

— À quoi ?

— Je ne sais… et je n’oserais pas le lui demander.

— Mais ne perdons pas le fil, reprit Étienne qui ne plaisantait jamais avec l’idée. J’approuve cette mécanique-là, sais-tu ? Le bon homme qui jette toujours un os à ronger à la loi est positivement curieux. C’est noir comme de l’encre, par exemple ! On pourrait intituler ça : le Vampire de Paris. »

Maurice n’écoutait plus. Il s’était arrêté debout devant la porte où étaient tracés les noms des personnages. Il jouait machinalement avec la craie.

Sans savoir ce qu’il faisait peut-être, il se prit à tracer au bout de chaque nom un autre nom, comme cela se pratique pour distribuer les rôles aux acteurs.

Étienne, homme de soin et secrétaire de la collaboration, trempa sa plume dans l’encre pour prendre note de ce qui venait d’être dit. Verba volant. Il aimait à fixer toutes ces choses précieuses mais fugitives qui naissaient de la conversation quotidienne. Il écrivit : « Le Vampire de Paris : homme qui établit un bureau de remplacement pour le bagne et l’échafaud. Il ne fait jamais tort à la justice, qui, pour chaque crime, trouve à grignoter un coupable, de sorte que tout le monde est content. »

« Noté ! dit-il en jetant la plume : trois lignes suffisent…